Bad karma pour DSK?

Est-il Icare qui chute pour s’être trop approché du Soleil ? Sisyphe condamné par les dieux à ne jamais atteindre les sommets ? DSK est un personnage de la mythologie. La répétition des séismes qui ruinent ses ambitions est fascinante. Il y a un an, tout lui souriait à nouveau. Il lançait un fonds spéculatif, LSK, avec Thierry Leyne, financier franco-israélien, en se faisant fort de lever 2 milliards de dollars. « Dans cinq ans, je serai plus gros que la banque Lazard », affirmait-il avec superbe. Il avait acheté un riad à Marrakech, façon de prouver à Anne Sinclair, dont il est séparé, qu’il pouvait vivre richement sans elle. Las ! Thierry Leyne s’est suicidé en se défenestrant du 23e étage de la tour Yoo, à Tel-Aviv. Trois jours plus tôt, DSK avait démissionné de la présidence de ce fonds. Il s’inquiétait des « emprunts excessifs » de son associé. Depuis, les rumeurs se multiplient sur les difficultés financières de la société. DSK y aurait laissé lui-même pas mal de plumes. Il va poursuivre ses activités de conseil en Russie, en Serbie, au Soudan… mais sa crédibilité est atteinte. La disparition brutale de son associé est évidemment un choc. Mais on reparle de sa négligence. Thierry Leyne, personnage talentueux et séduisant, avait gagné très jeune beaucoup d’argent, connu des revers. Il avait une réputation de requin borderline. Ceux qui ont eu affaire à lui se disaient surpris de cette association. « J’en apprends plus maintenant sur lui qu’avant sa disparition », ose avouer DSK. Il eût été plus judicieux qu’il se renseigne avant. Alors, on remonte le fil de sa vie : 1999, alors ministre des Finances du gouvernement Jospin, il est le chouchou des patrons. La justice enquête sur la Mnef, la mutuelle étudiante socialisante aux comptes vérolés. On découvre une facture antidatée de DSK. Une mise en examen se profile, il doit quitter le paradis. Plus tard, il sera blanchi. Mais en 2000, la justice découvre que Jean-Claude Méry, financier occulte du RPR, a enregistré avant de mourir une cassette où il met en cause le président Chirac. Cette cassette a été remise à DSK à Bercy par un avocat de ses amis. Qu’en a-t-il fait ? L’affaire Méry devient l’affaire Strauss-Kahn. Car il a égaré la cassette ! Il ne l’a même pas regardée. Les socialistes se dé chaînent contre ce coupable d’insoutenable légèreté de l’être. En 2011, le directeur du FMI, interlocuteur des grands de la planète, favori des sondages en France pour la présidentielle de 2012, trébuche sur une furtive rencontre ancillaire dans une suite du Sofitel de New York. Tout DSK s’y retrouve : la trivialité des faits, l’imprudence. Ses aventures sexuelles tournent à l’apocalypse. Il sera jugé l’an prochain dans l’affaire du Carlton de Lille. DSK fabrique ses catastrophes. Malédiction ? mauvais karma ? Lui ne croit pas à la psychanalyse. Il a tort.